Capture et valorisation du CO2 : le potentiel de l’Occitanie

Les émissions de dioxyde de carbone (CO2), en grande partie responsables des perturbations climatiques planétaires, génèrent un effet de serre en s’accumulant dans l’atmosphère. Principalement causées par les consommations d’énergie des secteurs des transports, de l’industrie, du bâtiment et de la production d’électricité, la réduction de ces émissions est devenue un enjeu écologique majeur au niveau mondial. Pour y parvenir, plusieurs initiatives ont vu le jour telles que l’engagement des 116 pays membres de la COP à atteindre la “neutralité carbone” d’ici 2050, le plan “Fit for 55” de l’Union européenne visant à réduire les émissions de 55% d’ici 2030 ou encore la stratégie nationale Bas-Carbone (SNBC) de la France pour faciliter la décarbonation de l’industrie.

Cependant, certaines émissions de CO2 industrielles sont inévitables car elles proviennent de processus qui ne peuvent être décarbonés par l’électrification, l’efficacité énergétique ou des combustibles durables. Pour ces émissions, deux solutions existent : la capture et le stockage du CO2 (CCS) ou sa valorisation (CCU).

Les carburants de synthèse

A l’inverse du CO2 dit fossile, si les émissions de CO2 sont issues d’une utilisation énergétique ou matière d’une ressource biomasse, il est appelé CO2 biogénique. Il est considéré comme une ressource durable pour produire des hydrocarbures de synthèse (méthanol, méthane, e-kérosène) lorsqu’il est combiné à de l’hydrogène décarboné. À partir de 2041, l’utilisation de CO2 biogénique sera obligatoire en Europe pour produire des carburants de synthèse durables (RFNBO).

Les carburants de synthèse sont particulièrement pertinents pour les secteurs où l’électrification et les combustibles alternatifs ne sont pas adaptés, comme le transport maritime lourd et le transport aérien de longue distance. Des réglementations européennes, telles que ReFuel Aviation et ReFuel Maritime, imposeront progressivement l’intégration de ces carburants dans le mix énergétique des transports à partir de 2025 et jusqu’en 2050.

Les gisements de CO2 biogénique en Occitanie

Aujourd’hui, 76 sites* en Occitanie génèrent un total de 5 021 k tonnes d’émissions de CO2 par an, dont 47% de CO2 biogénique (soit 2 400 kt/an potentiellement valorisables). Les émissions de CO2 biogénique sont principalement associées à des activités industrielles telles que la papeterie, les chaudières biomasse, les unités de valorisation énergétique et la méthanisation.

*  Informations basées sur les données de l’IREP, du Centre Régional Gaz Verts et de l’OIBE.

La chaîne de valeur de la valorisation du CO2 biogénique

La chaîne de valeur de la valorisation du CO2 biogénique en Occitanie comprend plusieurs étapes clés :

  1. Développement de technologies de captage
  2. Purification et conditionnement
  3. Transport et distribution
  4. Usages actuels et nouveaux du CO2

La Région Occitanie dispose de vraies compétences, industrielles comme académiques avec 25 entreprises impliquées dans cette chaîne de valeur, ainsi que plus d’une dizaine de laboratoires académiques travaillant sur différentes briques de cette chaîne. Parmi les entreprises, on trouve des industriels gaziers comme Air Liquide et Linde, ainsi que des start-ups innovantes développant des systèmes de production de méthane de synthèse et de micro-algues consommatrices de CO2.

Des projets structurants

Plusieurs projets structurants sont en cours en Occitanie, notamment :

  • PYCASSO : Projet d’infrastructures porté par Teréga, couvrant toute la chaîne de la captation à la valorisation et séquestration du CO2 (CCUS) interconnectées par un réseau de canalisations dans les territoires de l’Occitanie et de la Nouvelle-Aquitaine. Le potentiel de captage identifié pour ce projet s’élève à 6 MtCO2/an à l’horizon 2035.
  • CARBO CLEAR TECH, par Lafarge à Martres Tolosane : projet de captation, valorisation et séquestration (CCU/CCS) de 100% du CO2 d’une cimenterie, incluant une plateforme d’Open innovation pour le développement et l’amélioration des technologies de capture du CO2.
  • HyLann, projet de production de e-SAF (électro-carburant d’aviation durable) à Lannemezan porté par QAIR. L’objectif est de produite environ 70 000 tonnes de carburant par an.

Quelles perspectives en Occitanie ?

La Région Occitanie, avec 50% du CO2 émis d’origine biogénique, a des atouts indéniables pour la mise en place d’une filière de production de molécules de synthèse (e-kerosene, e-méthane). La capture et la valorisation du CO2 représentent une opportunité pour la région, tant sur le plan économique qu’environnemental.

La mise en place de politiques incitatives, le développement de technologies innovantes et la collaboration entre les différents acteurs seront des éléments clés pour réussir cette transition vers une économie plus durable.

Cet article est issu d’une étude réalisée, en partenariat avec l’AREC Occitanie, dans le cadre de l’animation de la Stratégie Régionale d’Innovation sur la «Transition énergétique des territoires et de l’économie régionale».

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